DJ Dolores, un Brésilien qui fait danser en invoquant Sartre
LE MONDE | 27.02.08 | 18h07 • Mis à jour le 27.02.08 | 18h07
Le musicien brésilien DJ Dolores a fait escale au New Morning, à Paris, mardi 26 février, au cours de sa tournée européenne qui passera par quelques autres villes françaises. Son album 1 Real vient juste de sortir. Le temps a manqué pour que ce nouvel album, plutôt séduisant, ait eu le temps de séduire. DJ Dolores aurait mérité plus d'affluence que cette salle loin d'être pleine.
Créatif, ingénieux, capable d'inventer des alliages sonores à la fois subtils et dansants, il est une des figures de la nouvelle scène musicale de Recife, capitale régionale de l'Etat du Pernambouc, dans le Nordeste brésilien, d'où sont issus également Lenine (installé à Rio) ou Silvério Pessoa.
"MANGUE-BEAT"
Proche de Chico Science (mort à l'âge de 27 ans, dans un accident de voiture, un soir de carnaval, en 1997), un des chefs de file avec le groupe Naçao Zumbi du mouvement musical et culturel "mangue-beat" qui chamboulait le paysage musical du Nordeste à la fin des années 1980 avec un mélange de rock, électro, percussions afro-brésiliennes, dub et drum'n'bass, DJ Dolores prône lui aussi le brassage musical.
Du ventre de son ordinateur jaillissent des boucles, des rythmes, des bruits électroniques et des instruments samplés, une effervescence sonore, d'où émergent des effets dub et drum'n'bass, venant astucieusement habiller les traditions rythmiques et dansantes du Nordeste. Aux côtés du DJ, deux cuivres et une guitare ajoutent quelques couleurs flatteuses. Celle qui capte le plus les regards et débride l'atmosphère, parfois un peu figée sur scène, c'est Isaar, chanteuse habitée à la voix haut perchée, aux tresses en bataille remontées en chignon.
Les textes des chansons, écrits par DJ Dolores, parlent de bon sens perdu (Sanidade), d'alcools forts qui font danser toute la nuit (Azougue). Elles se moquent des body-builders ignorant que les mots peuvent être un moyen de séduction bien plus efficace qu'un corps parfait (J.P.S., où il est question de Jean-Paul Sartre, "Don Juan improbable mais dont les entreprises sont couronnées de succès"), évoquent "la désintégration émotionnelle que certaines femmes ont le pouvoir de provoquer chez les hommes" (Tocando o Terror). Piochées dans ses trois albums, les chansons de DJ Dolores ont en outre une indéniable capacité à faire danser. La piste du New Morning ne désemplit pas.
DJ Dolores : le 5 mars, à Nantes (Jam), le 6 à Bordeaux (Cat), le 7 à Marseille (Poste à Galène), le 8 à Bourgoin Jailleu (Les Abattoirs). 1 Real : 1 CD Crammed Discs/Wagram.
Patrick Labesse
Article paru dans l'édition du 28.02.08.
LE MONDE | 27.02.08 | 18h07 • Mis à jour le 27.02.08 | 18h07
Le musicien brésilien DJ Dolores a fait escale au New Morning, à Paris, mardi 26 février, au cours de sa tournée européenne qui passera par quelques autres villes françaises. Son album 1 Real vient juste de sortir. Le temps a manqué pour que ce nouvel album, plutôt séduisant, ait eu le temps de séduire. DJ Dolores aurait mérité plus d'affluence que cette salle loin d'être pleine.
Créatif, ingénieux, capable d'inventer des alliages sonores à la fois subtils et dansants, il est une des figures de la nouvelle scène musicale de Recife, capitale régionale de l'Etat du Pernambouc, dans le Nordeste brésilien, d'où sont issus également Lenine (installé à Rio) ou Silvério Pessoa.
"MANGUE-BEAT"
Proche de Chico Science (mort à l'âge de 27 ans, dans un accident de voiture, un soir de carnaval, en 1997), un des chefs de file avec le groupe Naçao Zumbi du mouvement musical et culturel "mangue-beat" qui chamboulait le paysage musical du Nordeste à la fin des années 1980 avec un mélange de rock, électro, percussions afro-brésiliennes, dub et drum'n'bass, DJ Dolores prône lui aussi le brassage musical.
Du ventre de son ordinateur jaillissent des boucles, des rythmes, des bruits électroniques et des instruments samplés, une effervescence sonore, d'où émergent des effets dub et drum'n'bass, venant astucieusement habiller les traditions rythmiques et dansantes du Nordeste. Aux côtés du DJ, deux cuivres et une guitare ajoutent quelques couleurs flatteuses. Celle qui capte le plus les regards et débride l'atmosphère, parfois un peu figée sur scène, c'est Isaar, chanteuse habitée à la voix haut perchée, aux tresses en bataille remontées en chignon.
Les textes des chansons, écrits par DJ Dolores, parlent de bon sens perdu (Sanidade), d'alcools forts qui font danser toute la nuit (Azougue). Elles se moquent des body-builders ignorant que les mots peuvent être un moyen de séduction bien plus efficace qu'un corps parfait (J.P.S., où il est question de Jean-Paul Sartre, "Don Juan improbable mais dont les entreprises sont couronnées de succès"), évoquent "la désintégration émotionnelle que certaines femmes ont le pouvoir de provoquer chez les hommes" (Tocando o Terror). Piochées dans ses trois albums, les chansons de DJ Dolores ont en outre une indéniable capacité à faire danser. La piste du New Morning ne désemplit pas.
DJ Dolores : le 5 mars, à Nantes (Jam), le 6 à Bordeaux (Cat), le 7 à Marseille (Poste à Galène), le 8 à Bourgoin Jailleu (Les Abattoirs). 1 Real : 1 CD Crammed Discs/Wagram.
Patrick Labesse
Article paru dans l'édition du 28.02.08.
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